Les opérations de sensibilisation

Dans le courant des années 70 jusqu’au début des années 80, le ministère la Jeunesse et des Sports a tout d’abord soutenu des journées nationales ou des semaines d’activités organisées par des fédérations sportives intitulées la « Semaine d’activités physiques, sportives et de plein air pour tous ».
Il s’est aussi associé dans ces mêmes années à la Fédération de Cardiologie pour convaincre la population de l’utilité de l’activité physique afin de prévenir les accidents cardiaques, en organisant une fois par an le Parcours du cœur. Une circulaire du 3 mars 1980, par exemple, demande aux directeurs départementaux de s’impliquer très activement dans l’organisation des parcours organisés dans leur département.
Dès 1976, Eric Brunel, cardiologue quimpérois, et Michel Bodereau, professeur EPS à la DDJS de Quimper, organisent ce parcours du cœur local au bois de Keradennec : courir ou marcher sur un petit parcours de footing et prise de pouls à l'arrivée ainsi que recommandations du cardiologue.

Création de l’association Sport Pour Tous, le 09/11/1979

Le ministère de la Jeunesse et des Sports soutient des initiatives locales par une opération : la Semaine du sport pour tous avec un pilotage au plan national et une organisation de manifestations confiée à ses services départementaux (DDJS Quimper depuis 1975).
Trois objectifs à cette opération :

  1. Informer le grand public de l’utilité de la pratique sportive et des possibilités existantes ;
  2. Sensibiliser le mouvement sportif à la nécessité de s’ouvrir à de nouveaux publics par des « pratiques aménagées » (passage de la notion de « sport compétitif » à la notion d'une « pratique ludique d'activités physiques pour tous » s 'adressant à tous les publics) ;
  3. Inciter les municipalités à ouvrir leurs équipements sportifs adaptés à la pratique aménagée.

Une Campagne de presse

Différentes campagnes sont menées au cours des années 77-78-79 auprès du grand public avec la collaboration de la presse locale Quimpéroise (Télégramme, Ouest France), puis auprès des comités d'entreprises (à l'époque ils sont 45 environ), auprès des organismes de santé, du secteur tertiaire, etc...
L’objectif de ces campagnes est de sensibiliser la population aux activités proposées à l'époque à l'initiative de la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports de Quimper : gymnastique adulte, natation, apprentissage de la course à pied, cyclotourisme, équitation, tennis ayant comme but l'apprentissage des fondamentaux des activités physiques pour tous.
Plus tard, s'ajouteront des séjours de ski au chalet Jeunesse et Sports de Chamrousse et à l'UCPA de Chamonix.

Un Inventaire des équipements libres

Un inventaire des équipements libres ouverts en dehors des créneaux habituels est réalisé. A Quimper, cet inventaire se fait avec l'aide du service des sports de la Mairie. Il apparaît que beaucoup d'équipements (piscine, gymnases scolaires ou municipaux, halle de Penvillers par ex.) étaient libres généralement entre 12 et 14h et le soir à partir de 17h-18h (gymnase École Normale, gymnase de la Quimpéroise, cours de tennis Hall de Penvillers, etc...)

La mise en place d'activités sportives

Des activités physiques sont organisées sur des lieux dédiés ou non et sont spécifiquement réservés à la pratique sportive (chemin du Halage, parcours de santé dans le bois de Keradennec, allée de Lanniron, itinéraires de cyclotourisme, etc...).
Pendant la « semaine du Sort pour tous », des actions étaient menées afin d’illustrer les initiatives d’associations sportives en faveur des pratiques aménagées non traditionnelles.
Une réflexion avec les municipalités a été engagée pour aborder :

  1. L’ouverture des installations existantes ;
  2. La création d’équipements sportifs « ouverts »

A l’époque, cette réflexion a été menée en étroite collaboration avec le Service des Sports de la Mairie de Quimper.

Vers un « sport pour tous » (ref. Claude Piard 1974)

Le sport de compétition possède une légitimité idéologique qui occulte quelque peu les autres façons de faire de l’exercice. À l’époque (décennie 70-80), les fédérations affinitaires et multisports, les responsables de clubs, les associations de jeunesse et d’éducation populaire vont laisser le champ libre au modèle sportif défendu par les fédérations sportives compétitives.
La contre illustration positive est sans doute à chercher du côté de l’action que développent certains comités d’entreprises au nom d’un sport pour tous les salariés et les membres de leur famille (gymnastique volontaire, gymnastique de pause, activités physiques diverses).
En mettant en évidence le poids des inégalités sociales et socio-économiques, les données statistiques nationales montrent la part d’illusion qui accompagne l’affirmation progressive d’une image de la « civilisation du loisir ».
On constate cependant une augmentation du nombre de pratiquants sportifs : sportifs licenciés 6,7 % en 1961, 11 % en 1973... On peut aussi « retourner » cette série statistique en soulignant que la problématique « Activité physique et santé », qui concerne le reste de la population, et en priorité certaines classes d’âge, reste mal connue et qu’elle peut être considérée comme une préoccupation négligée par les politiques publiques. L’attention accordée aux activités physiques et sportives est inégalement partagée.

Genèse du Sport pour Tous – Années 1973-1974 et suivantes

Outre les sportifs « déclarés » (licenciés en clubs), il existe des « sportifs » qui s’auto-déclarent comme tels, mais qui ne possèdent aucune affiliation organisationnelle.
Il existe également des « non-sportifs » qui, pour la majorité d’entre eux, ne s’adonnent à aucune activité physique. Cette disparité renvoie à une question sociale d’actualité.
Rappel historique : en 1968, la Fédération française des offices municipaux des sports choisit d’aborder le thème du « sport pour tous » à l’occasion de son congrès annuel.
En 1974, on envisage une réorientation possible du développement des sports en France étant donné le faible taux de participation sportive enregistré par diverses enquêtes ou sondages.
Pour les jeunes comme pour les adultes, les loisirs ne se réduisent pas à l’activité sportive (et a fortiori à la pratique sportive compétitive structurée dans les clubs).
Il y a une nécessité de mettre en place une nouvelle politique sportive à partir d’un programme « Sport pour tous ».
Il est envisagé d’organiser une Journée nationale « sport pour tous ». En soulignant que les activités physiques à la portée de tous ne sauraient être « le monopole d’une fédération ou d’une association ».
Le Comité national olympique et sportif français ont des priorités d’action qui sont ailleurs et se désintéresse de celles et ceux qui ne sont pas impliqués dans le sport fédéral.
Rappelons que c’est un peu plus tard, en 1978, que le Ministère de la Jeunesse et des Sports envisage vraiment la question du « sport pour tous ». Pour Quimper, l'initiative a devancé la question dès 1974 par des actions ciblées autour d'un public non affilié ou en déshérence par rapport au sport en club.
On peut noter que deux conceptions d’un sport pour tous seront développées respectivement par la Fédération française d’entraînement pour le monde moderne (FFEPM) et par la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire (FFEPGV). On a la possibilité d’apprécier la fidélisation de ces publics au sein des deux structures associatives. L’une et l’autre développent une action des plus crédibles au regard de ce que doivent être les critères de réussite d’un sport pour tous.
L’enjeu est d’atteindre des publics potentiels, c’est-à-dire à la fois des pratiquants « qui n’ont plus leur place dans les sections sportives des clubs » (selon la formule en usage) et des nouveaux adeptes de l’exercice physique.
Par ailleurs, une sociabilité tend à se structurer autour de différentes activités : gymnastique volontaire, randonnée pédestre, cyclotourisme... Le milieu des années 1970 est marqué par un jalon important : la loi « relative au développement de l’éducation physique et du sport » du 29 octobre1975, dite « loi Mazeaud ». Cette loi est destinée principalement à accompagner, d’un point de vue organisationnel, les transformations de l’activité sportive en France. Elle souligne que « l’entreprise apparaît devoir être une des structures privilégiées pour le développement du sport pour tous ».
En revanche, la loi est relativement discrète sur la place que doivent tenir les activités physiques de chacun et l’entretien de la santé.
Les « Journées nationales » animées conjointement par les services du ministère, les clubs et les localités (par exemple l’opération « Parcours du cœur » (organisées à Quimper dès 1975) ne semblent pas avoir un impact significatif sur les comportements, dans la durée. (ref. Claude Piard 1974)

 

Objectifs du Sport pour Tous à Quimper


Quels publics ?

1975, fin des « trente glorieuses » et dans les divers secteurs économiques, réorganisation des horaires de travail durant la semaine et prise de conscience de la différence marquée entre le temps de « travail contraint » et le temps de « travail non contraint » c'est à dire du « temps libéré » pour des loisirs multiples.
Le public adulte (pour l'essentiel né après la décennie suivant la seconde guerre mondiale) est convié à pratiquer des activités physiques non contraignantes sans objectifs compétitifs, par l'intermédiaire de campagnes de presse ou d'informations auprès des comités d'entreprises ou de réseaux professionnels. Ces activités s'adressent aux adultes de toutes professions (CSP diverses : médecin, chef d'entreprise, infirmière, administratifs, employé du secteur tertiaire ouvrier, retraité, femme au foyer, etc...)
Une majorité de femmes (90% n.b. : les raisons de cette féminisation seront exprimées en répondant à un questionnaire individuel et anonyme à l'époque) répondra à « l'appel » les invitant à pratiquer des activités « Sport pour Tous ».Cette majorité féminine va perdurer dans le futur de l'association.

Les activités proposées par l'association Sport Pour Tous Quimpéroise

  • La natation (piscine de Kerlan Vian) permettant d'apprendre à nager et ou de se perfectionner dans cette discipline afin de s'en approprier et d'en maîtriser les techniques,
  • le « savoir courir » par l'appropriation des techniques de base de la course à pied,
  • le cyclotourisme,
  • l’équitation,
  • le tennis,
  • la gymnastique, etc...


Ces activités sont encadrées au tout début par des cadres professionnels : professeurs d'EPS de la DDJS spécialistes de disciplines sportives, Maîtres-Nageurs de la piscine, brevetés de cyclotourisme (cyclos-randonneurs de Cornouaille, etc..).
Basées sur les apprentissages fondamentaux, les objectifs de ces activités mises en place sont les suivants :

  • Pour la natation : l'appropriation des techniques de bases, c’est-à-dire apprendre à nager : une partie du public inscrit à cette activité ne sait pas nager ou mal, ou ne maîtrise pas l'équilibration dans l'eau, la propulsion, la respiration aquatique etc…, se faire plaisir dans l'eau et savoir objectiver cette discipline par des adaptations ludiques.
  • Pour la course à pied : une partie importante du public ne sait pas ou ne sait plus courir. Ré-apprendre à courir en introduisant de petites séquences alternant course et récupération en augmentant progressivement les « doses » sur terrain plat (chemin du halage) ou légèrement accidenté (bois de Keradennec) d’où les groupes de niveaux et les fréquences de séances en semaine.
  • Pour le cyclotourisme : de petits itinéraires sont proposés en fonction des groupes de niveaux mixtes ne dépassant 10 personnes. En fonction des résultats (adaptation à l'effort, maîtrise du vélo, équilibration etc..), les itinéraires plus longs seront mis en place avec l'accord des participants.
  • Pour l'équitation, celle-ci se pratique dans un club proche de Plogonnec encadrée par un moniteur en formation. Là aussi de petits groupes sont confrontés à la maîtrise qui demande une technique d'approche de l'animal, être capable de se tenir en équilibre à l'arrêt ou en déplacement, et diriger le cheval dans la direction voulue. De petites balades succéderont aux premiers apprentissages.
  • Pour le tennis très demandé à l'époque (cette activité bénéficie de retransmissions télévisées nombreuses), la demande se fait pléthorique au niveau du public. La pédagogie prend en compte l'apprentissage des gestes élémentaires de l'activité afin de permettre aux personnes de maîtriser l'aspect ludique non compétitif dès les premières approches.

Aspects pédagogiques

Comme il est dit plus haut, la priorité est de permettre au public de s'approprier les gestes techniques en évitant les erreurs des débutants n'ayant pas eu accès aux apprentissages élémentaires. D'où l'importance que nous attachions au début des activités a les encadrer par des professionnels formés aux pédagogies demandées.
En retour nous souhaitions que ces enseignements et apprentissages de base soient répercutés par les personnes concernées en dehors des activités vers leurs milieux respectifs (famille, enfants, amis, etc…).
Ce qui pouvait se traduire ou se nommer par une « pédagogie re-distributive » ou « pédagogie invisible » que l'on peut formuler par « ce que j'ai appris, je vais le ré-enseigner aux personnes de mon environnement en leur donnant des « outils » évitant aux autres les erreurs ou mauvais gestes de l'autodidacte.
Les personnes inscrites aux activités Sport Pour Tous s'étant appropriées les éléments techniques de base, deviennent les « pédagogues-éducateurs » au sein de leur milieu social respectif.

Création de l'association Sport pour Tous Quimpéroise

HISTOIRE SPT 01

Vendredi 9 novembre 1979
Lieu : Auberge de la Jeunesse Avenue des Oiseaux
Les fondateurs :
Bodereau Michel : Professeur d'éducation physique et sportive DDJS du Finistère à Quimper
Daniel Chaniot Inspecteur de la DDJS Finistère.
Cariou Marie nommée présidente lors du 1er conseil d'administration
Andrée Kervarec
Daniel Boubarne
et d'autres personnes inscrites aux activités déjà existantes.

 

Historique réalisé par Michel BODEREAU

 

 

En 2019, l’association fête ses 40 ans en réunissant une large majorité des protagonistes de son histoire. L'occasion de retrouver les anciens présidents et anciens salariés de Sport Pour Tous.

HISTOIRE SPT 02HISTOIRE SPT 03

HISTOIRE SPT 04HISTOIRE SPT 04